La photo de concert

Faire des photos de concert est une vraie drogue, lorsque l'on a essayé, on ne peut plus s'en passer. Il est souvent difficile de réussir parfaitement une photo de concert avec des conditions techniques souvent difficiles :

  • pour la lumière : souvent faible, changeante, à contre-jour…
  • pour le sujet : en mouvement, entouré de choses inesthétiques comme les micros, souvent mal placés pour nous photographes
  • pour l'environnement du photographe : parfois délicat, par exemple dans un concert punk, où il faut se mêler au public et se faire une place sans gêner personne.


Photo : Alain Grodard (Mass Hysteria - Le Nouveau Casino)

Les clés de la réussite

Rappelons pour commencer qu'une photo de concert est une photo comme une autre : la composition et la lumière restent bien entendu les premières clés de sa réussite. L'expérience est, dans ce domaine comme dans les autres, irremplaçable, ma progression se voit à vue d'oeil pratiquement à chaque concert. Bien connaitre son matériel et savoir comment il réagit aux conditions de prise de vue face aux choix techniques et également important. La réussite tient aussi à la ténacité du photographe : sur un concert entier, les moments les plus propices sont souvent rares, il faut être à l'affut et concentré jusqu'à la dernière minute !

Les choix techniques

La difficulté principale des photos de concert et le manque de lumière, en particulier dans les petites salles, moins éclairées que les grandes.

Sensibilité

Le choix le plus facile à faire. Je procède de la façon suivante : je fais un test en choisissant 800iso (sensibilité où le bruit numérique de mon boitier est pratiquement imperceptible), si la vitesse obtenue est trop faible je monte en sensibilité, souvent jusqu'à 1600iso. Dans le cas de salles avec beaucoup de lumière, ou en extérieure de jour, rien n'empêche de commencer à une sensibilité plus basse (200, 400 iso…)

Mesure de la lumière

Chacun a sa méthode mais si votre boitier le permet je vous conseille la mesure spot (mesure à 3% au centre de l'image) car les écarts de lumière sont souvent très important sur un même sujet à cause des lumières très directives. Le plus souvent il y a un écart de plusieurs diaphs sur une toute petite surface comme un visage. Le but est d'éviter de surexposer une partie importante de l'image, très souvent le visage…

Cette photo, parle d'elle même : la partie gauche du visage est complètement sans lumière alors que la partie droite (cachée par la main) est surexposée. Dans ce cas, mon choix se porte sur l'exposition des hautes lumières (la partie la plus exposée donc) même si dans ce cas le résultat est à moitié réussi.

No one is innocent

Photo : Alain Grodard (No one is innocent - La flèche d'Or)

Priorité ouverture ou vitesse

On ne peut dissocier les choix de vitesse et d'ouverture. Il y a trois écoles :

  • choisir le mode "priorité ouverture" ("Av" sur les boitiers Canon, "A" sur les Nikon) : c'est le choix que je fais en choisissant l'ouverture la plus grande de mon objectif (souvent f2.8) car le manque de lumière reste une constante. De plus une grande ouverture permet de détacher le sujet du fond par le flou créé.
  • choisir le mode "priorité vitesse" ("Tv" sur les boitiers Canon, "S" sur les Nikon) : dans le cas où le sujet est en mouvement, on sait à l'avance qu'un temps de pose trop long crééra un flou à coup sur en dessous d'une certaine vitesse (1/60s, 1/100s…). Dans ce cas, on peut faire le choix de fixer sa vitesse et laisser au boitier le choix de l'ouverture. Il est aussi possible de choisir volontairement une vitesse basse pour obtenir un flou permettant de rendre le mouvement du sujet. La difficulté réside justement dans le choix de la bonne vitesse, seul l'expérimentation et les conditions du moment vous permettront d'arriver à un résultat satisfaisant.
  • choisir le mode manuel ("M" sur les boitiers Canon et Nikon) : avec de l'expérience il est possible de choisir le mode manuel si les conditions de lumière ne sont pas trop changeantes. L'avantage de ce choix est de gagner du temps au moment du déclenchement car il n'y a pas de mesure de lumière à faire. J'utilise souvent ce mode par exemple dans le cas où la lumière est trop faible et que je veux saisir malgrès tout l'instant, en sous-exposant volontairement.

Certains boitiers permettent une priorité sensibilité qui me semble très intéressante car elle permet de rester dans la sensibilité la plus basse réduisant le bruit numérique.

Utilisation du flash

J'utilise personnellement le flash le plus rarement : il est d'ailleurs interdit de l'utiliser dans les salles de concert même si certains photographes, amateurs ou professionnels, prennent la liberté de transgresser cette règle. Il est possible d'obtenir de bons résultats lorsque l'ambiance lumineuse est respectée, ceci implique de diminuer la puissance du flash et de ne pas rester en automatique. Le choix du flash est à mon avis à réserver dans des cas très précis, par exemple pour figer un mouvement tout en rendant l'impression de vitesse.

Photo : Valko

Les choix artistiques

L'instant décisif

La maitrise des paramètres techniques est primordiale pour réussir ses photos mais n'est qu'un moyen d'y arriver et le plus difficile reste à faire : faire une photo bonne techniquement ne fait pas une bonne photo. Il est courant d'avoir dans un concert d'une heure trente seulement quelques minutes où les conditions de lumière et de position des artistes permettent de faire de belles photos, encore faut-il choisir son moment pour déclencher, choisir la bonne expression du chanteur, la position du corps d'un musicien… La solution : de la patience et de l'entrainement pour choisir le bon moment. Il peut m'arriver de rester l'oeil rivé à l'objectif plusieurs minutes, en attendant qu'il se passe quelque chose de spécial.
Les Fatals Picards - Café de la Danse

Photo : Alain Grodard (Les Fatals Picards - Café de la Danse)

La composition

Les règles de composition "classiques" restent bien entendu valables pour la photo de concert. Il faut veiller à ne pas couper un morceau d'instrument lorsque ce dernier fait partie de l'intérêt du sujet (guitare pour le guitariste par exemple).

Une composition exemplaire par sa créativité, la photo de Patrick Dewaere, la diagonale créée par le piano, tous les éléments sont réunis pour une photo réussie.

Photo : Rod|Le HibOO.com (Thomas Fevrier - Zebre de Belleville)

A l'opposé, évitez autant que possible les éléments perturbateurs et inesthétiques que sont les dispositifs divers d'une salle de concert : pied de micro, retours scènes… Leur placement n'est pas pensé pour les photographes et ils sont souvent un obstacle aux photos "épurées" mais sans micro, pas de concert !

Cette photo, par exemple, aurait été nettement mieux sans ces satanés micros qui dans ce cas ne sont pas utiles à la composition :)

Sling 69 - La Maroquinerie

Photo : Alain Grodard (Sling 69 - La Maroquinerie)
Cette photo prise par un confrère est à mon gout gâchée par la présence de ce photographe (moi-même en action) qui annihile la magie de l'instant.

aaron

La lumière

L'intérêt des concerts est la belle lumière de la salle. Parfois difficile à capturer lorsqu'elle est changeante ou lorsque le sujet est à contre jour mais j'essaie de l'utiliser à mon avantage. Un contre jour est difficile à réaliser correctement mais donne des résultats intéressants.

Photo : Alain Grodard (Hank Pine & Lily Fawn - La Maroquinerie)

Photo : Rod|Le HibOO.com (Aaron - Bouffes du Nord)

Photo : Rod|Le HibOO.com (Pleymo - Papillons de Nuit, St Laurent de Cuves)



15/06/2007
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